Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, jay receu la lettre quil vous a pleu mescrire par votre
2lacquais, et quant à ce que me mandés quil seroit requis de decouvrir
3une chose plus que trop veritable. Monsieur de Gonas estant allé voir
5monsieur des Diguières, a fait entendre à monsieur de Varce que pour le
6seur il y avoyt entreprinse sur le chateau de La Mure prest à
7executer. Il y a troys jours que messieurs du pays et moy y avons
8pourveu, tant pour celluy du roy que de madamoyselle de Beaulmont
9et y avons mys cinquante soldatz, sans y comprendre le cappitaine et son
10enseigne, que faict le nombre de cinquante deulx. Monsieur du
11Monestier est allé à La Mure, lequel visitera les chateaux pour y faire
12pourvoir de tout ce qui sera necessaire. Quant au marchant,
13je receuz dimenche dernier une lettre de monsieur de
14Savines, lequel mescrit qion luy demande mil escus de rançon et ung
15prisonier. Je feiz hier mettre le ministre et Margallier en liberté
16pour avoyr seignor Tezar et Flory quilz doibvent mettre au monestier
17de Clermont dune part et daultre. Il y a encor en ceste ville
18Galeys et Gafontayne prisoniers. Monsieur, sy les huguenaulx senstendent
19comme ilz font le bruizct, comme verrez par une lettre que jay receu
20ce matin dudit sieur du Monestier, laquelle je vous envoye, ceulx
21du compte de Beynez qui sont à Moyrenc et à Tullin ne serons
22en guière bonne asseurance et quils feront tout ce quilz pourront
23pour les surprendre. Toutesfois, je vous tiens adverty dheure à
24autre sy ainsy est que lennemy aproche ceste ville. La cavallerie
25que à present y est ne pourroyt guière servir car il ne scauroit
26monter à cheval que douze ou quinze, sy esse que jespère
27[218 v°] avecq laide de Dieu que noz nous garderons de
28telle façon quen recepvrez contentement Lesdits ennemys
29font bruict de passer l’Izère pour leur empecher ; et je
30feray retiré en ceste ville tous les bateaulx que se porront
31treuver despuys Montmellian jusques en ceste ville,
32et dicy jusques à Moyrenc. Et pour ne scavoyr autre
33pour le present, je finiray ceste par mes humbles et affectionnées
34recommandations à votre bonne grace et prie le Createur vous donner
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Sur la fin de ceste, jay heu advertissement
37comme ceulx de Mais ont mandé homme exprès
38à Clays pour leur preparer logis et vivres
39pour sept compagnyes. Incontinant jay escript
40ausdits de Clays quilz nayent à leur rien fourny sur peyne destre bruslés
41et quilz deplacent les vivres de là en ceste ville en toute dilligence.
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Monsieur en parfaicte santé, heureuse et bien longue vie. De Grenoble, ce
44XIIIme fevrier 1574.
45Votre très humble et aubeyssant
46servyteur La thivolliere
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[219] Ce jourdhuy, Bonvert ma monstré une lettre que vous luy escripvés
49touchant ung soldal nomé Labarre, lequel ayant passé par ce
50païs soubz lenseigne du sieur de Montreul conduict par le cappitaine
51Villedieu, estant la compagnie à Pignerol, luy et une quarantaine
52desdits soldalz, conduictz par le cappitaine La Forestz se desbandarent
53dudit Pignerol, se retirarent avecq lez huguenaulx en la val d’Angrogne,
54puis par voyes indirectes à Feysinières et avecq les trouppes
55de La Motte et despuys la ville d’Embrun, comme est par
57sa confession, et pour quelque debat et querelle quil heust
58avecq certains desdits soldalz comme il dict, se retira du costé de deça
59dont estant asemblé le conseil à mon logis, je scay quil estoit
60conclud de le faire pendre, mais pour donner exemple aux aultres
61soldalz, il feust conclud le condamner à avoyr troys coupz
62destrapade et bany perpetuellement de ce païs, ce qua esté executé.
63Quant à son cheval, par mon ordonnace il a esté vendu vingt
64à norrir ledit Labarre et sondit serviteur. Quant à ses armes, le
66cappitaine Curebource les a remys entre les mains de monsieur de
67Merieu qui nest en ceste ville.